Les Fours à Chaux

 Les fours à chaux du bourg

Histoire

L’industriel et entrepreneur des travaux publics Francisque Chaux (1851-1949) est à l’initiative de la construction des fours à chaux de Saint-Martial-d’Albarède. En 1921, l’industriel obtint l’autorisation de réaliser sur la commune d‘Allassac en Corrèze une usine électro-métallurgique destinée à la fabrication de carbure de calcium. Elle est alors considérée comme la première du genre qui s’installe en Corrèze. Pour sécuriser l’approvisionnement en matières premières de l’usine, la recherche d’un site de production de chaux à proximité immédiate d’une carrière calcaire est recherchée en Dordogne. Le terrain de Saint-Martial-d’Albarède, situé à environ 50 km d’Allassac, est acquise 9 mai 1926. Des parcelles de terrain seront acquises ultérieurement par la société en 1931 et 1942. La chaux était déjà exploitée sur la commune sur un autre site.

Le premier four, située au centre, est mis en activité en 1928. Le second four, plus au nord, est achevée en 1929. Entre 1935 et 1939, un troisième four, des hangars et un garage sont construits. Dans les années 1930, les fours à chaux emploient une dizaine de personnes.

Le 23 juillet 1936, les 14 ouvriers des fours à chaux se mirent en grève « jusqu’à nouvel ordre du syndicat » après concertation avec des représentants venus de l’usine d’Allassac. La reprise du travail fut décidée le 6 septembre 1936 « aux anciennes conditions ». La mise en arrêt du four conduisit la direction à licencier l’ensemble des grévistes qui ont été alors employés par les Ponts et Chaussées. Les fours furent seulement rallumés en 1938.

Durant la guerre les fours sont continuellement en activité. Le charbon ne manquait pas et la demande en carbure était alors très forte. Le carbure de calcium est alors commercialisé sous la marque « cyclope ».

La fermeture du site de Allassac - et conséquemment de celui de Saint-Martial-d’Albarède - est décidée en 1959. L’usine électro-métallurgique a été localisée à Lannemezan dans les Hautes-Pyrénées. Les ouvriers sont licenciés en 1965 et la société anonyme des carrières de Corgnac se porte acquéreur du site pour exploiter la seule carrière. Faute de débouchés, elle est définitivement fermée. Les grandes portes du four, les rails, les wagonnets, les plates-formes, les charpentes du hangar sont livrés aux ferrailleurs.

 

Description des fours et du procédé.

Il s’agit de trois fours « modernes » à empilement. La base extérieure des fours forme un carré de 5,20 m. L’intérieur des fours est de forme cylindrique avec une large paroi intérieure en briques réfractaires. L’élévation est de 18 m dont 11,40 m de maçonnerie. La couverture a été effectuée avec charpente métallique jugée intéressante par Sophie Mendras, architecte des MH, lors de sa visite d’août 2022. p. 3 La pierre provenant de la carrière était cassée en petits morceaux, puis acheminée avec le charbon vers une plateforme de fours. Les fours étaient alimentés par une ouverture en haut (le gueulard) en alternant les couches de pierre et de charbon. On retirait ensuite la pierre cuite de la ou des « gueules de défournement » (bas du four). Le four était rechargé ainsi au fur et à mesure. À la cuisson, le carbonate de calcium se transformait en chaux vive (ou oxyde de calcium CaO). Pour cela, il fallait que le dioxyde de carbone se soit évaporé (CO2). Cela représentait une perte d'environ 45% du poids initial. Suivant le témoignage de Pierre Tourenne, « L’extraction de la pierre se faisait par dynamitage. La pierre à chaux était chargée dans des wagonnets montés sur rails et déposée près de la gueule du four. La houille qui servait de combustible était hissée depuis le niveau inférieur dans une benne au moyen d’un treuil jusqu’en 1931. Puis a été ouvert un chemin d’accès permettant le transport par camion … Une première équipe commençait à 4h00 du matin et finissait à midi. L’autre équipe travaillait de 14h00 à 22h00. Les fours ne s’arrêtaient jamais même pas le dimanche… Ceux qui tiraient la chaux étaient armés de ringards et étaient étaient toujours entourés de poussière blanche. Un camion faisait la navette entre le four et la gare d’Excideuil. La chaux était ensuite expédiée par voie ferrée vers l’usine Allassac. Cette chaux était destinée à la fabrication d’acétylène. La chaux vive passait au four électrique pour la fabrication du carbure de calcium… Durant l’été, les fours étaient arrêtés et remis en état. L’industrie du carbure était tributaire des débits hydrauliques.

 

Projet de valorisation

Les fours à chaux  ont été acquis par la Municipalité de Saint-Martial le 22 janvier 1986 avec déjà la volonté de les protéger et de les placer dans un parcours culturel et touristique du Périgord rural industriel avec, dans la Communauté de Communes Isle-LoueAuvézère en Périgord, la papeterie de Vaux (Payzac) et la forge de Savignac (Savignac-Lédrier). En 2023, une réflexion a été portée au Conseil municipale pour engager une  valorisation sur 2 axes : patrimonial et vie sociale. Le pré-requis étant un état des lieux détaillé à réaliser avec diagnostic patrimonial et structurel en vue de la restauration générale. Une première phase de travaux de mise en protection/consolidation du site s’avère nécessaire.

  

Source : Francis A. BODDART, Histoire de Saint-Martial-d’Albarède, 2012.